Marounia
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- فرنسي
- 240 صفحة
عن Marounia
Marounia, une identité en péril, cent ans après la proclamation du Grand Liban.
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الفئة: مقالات
Lorsque Volney, Lamartine et Gérard de Nerval sont rentrés de leurs voyages en Orient (XVIIIème – XIXème siècle), ils n’ont pas tari d’éloges sur les Maronites, ce « peuple à part dans tout l’Orient », guidé par un Patriarche, son chef spirituel et temporel. Un peuple vainqueur de l’impossible, qui « a pilé la pierre meme pour rendre sa poussière féconde en la mêlant à ce peu de terre, et qui a fait du Liban tout entier un jardin couvert de mûriers, de figuiers, d’oliviers et de céréales ;… ». Pour ces trois grandes figures de la littérature française, les Maronites étaient plus qu’une communauté et par conséquent, la Maronité fut plus qu’une confession. Les Maronites, ce peuple qui s’est distingué depuis le début par sa foi catholique, ses raciness antiochiennes, sa langue syriaque, sa liberté collective, sa créativité intellectuelle et spirituelle, était – selon le père Michel Hayek – « une exception à la règle orientale ». Alors qui sont ces Maronites? Qu’est ce qui a fait la force de leur union face à l’adversité? Où chercher l’explication à leur résistance et à leur rayonnement passé? Un passé glorieux qui contraste avec un présent sans gloire et plein de compromissions. La réponse ne peut résider ailleurs que dans les fondations de leur Identité. C’est pourquoi, ce livre explore la Genèse de l’Identité Maronite, une identité religieuse parmi d’autres qui forment l’identité nationale libanaise. Une Identité, dont les deux ferments sont, la Foi et l’Eglise, qui pour s’unir, devaient communier avec la terre « sacrée » du Liban (la Qadisha libanaise), et permettre la naissance de la communauté maronite, son troisième et dernier cadre. Mais, cette exploration est suivi d’un constat décevant et inquiétant : depuis la Proclamation du Grand Liban en 1920, la communauté maronite s’est trouvée au centre des remous de l’histoire libanaise. Elle s’est éloignée de la question essentielle, celle de sa raison d’être dans cet Orient de plus en plus blessé et défiguré. Elle se retrouve aujourd’hui, sur le sol de sa patrie libanaise, affaiblie démographiquement et politiquement, car elle a perdu tout sens de Solidarité et d’Unité. Son Identité même semble menacée, c’est pourquoi cet ouvrage insiste sur l’obligation et l’urgence de la sauvegarder, car elle est en danger et qu’il faut se mobiliser pour empêcher son éventuelle extinction. Cette éventualité fait peur. Mais la menace est réelle, à moyen et long terme. Et c’est en se mobilisant pour sauvegarder leur Identité, que les Maronites pourront emprunter le chemin de la renaissance de leur communauté. Car cette Identité a constitué, tout au long de leur histoire, une source vitale pour leur survie. Plus vitale que ne l’a été une Présidence de la République, qui n’a été, pour eux, qu’une source de discorde. Les Maronites doivent se libérer de leurs illusions, à savoir qu’ils sont toujours les seuls parents légitimes de « l’enfant » Liban. Le moment est venu, pour eux, de corriger les erreurs du passé, de tirer les leçons de leur histoire. Ils ne doivent plus attendre une nouvelle année 1989, pour accepter, sous la pression, comme ils l’ont fait, un nouveau pacte national pour remplacer celui de 1943. Car en vérité, l’Accord de Taëf, selon le père Paul Naaman, est un document d’entente nationale qui « frappe par sa non-concordance avec la réalité libanaise… Une prétention qui veut corriger l’Histoire et la Géographie dans la région ». Une revanche sur le Grand Liban franco-maronite. La page de la « guerre civile maronite », déclenchée au lendemain de la Proclamation du Grand Liban dans une course destructive pour s’accaparer du pouvoir à la tête de l’Etat, doit être tournée définitivement. Les dangers sont nombreux. Ils sont différents et multiples. Le plus menaçant, pour les Maronites, est celui de l’émigration. L’Identité maronite est devenue l’otage d’une terre qui rétrécie et d’une émigration qui ne cesse de croître, les conditions de sa résilience, résident dans l’unité de sa communauté, sa force à inventer un nouveau projet communautaire et national, car celui de 1920 sur la durée, est un fiasco sur les deux plans. Le Patriarche Elias Hoyek avait insisté sur le projet d’un Grand Liban, rejetant l’idée d’un « super ghetto » chrétien, un projet qui sabota les projets expansionnistes des sionistes en Terre sainte. Et pour cela, les Maronites devaient, faire face non à un seul adversaire mais deux : le sionisme et le nationalisme arabe. Mais malheureusement, ils portent, cent ans après, la plus grande part de responsabilité dans l’échec de leur projet national. Ils l’ont rêvé, ils l’ont cherché durant des centaines d’années, ils l’ont imposé, mais ils n’ont pas su le protéger, le consolider en l’améliorant et en le modernisant. Car ils étaient occupés à se faire la guerre entre eux. En effet, de 1920 à 1990, les leaders de la communauté maronite se lancèrent dans une « guerre civile », sacrifiant leur unité, la source de leur résistance ancestrale face à leurs ennemis, sur l’autel d’une rivalité suicidaire et absurde. Pire encore, à l’heure actuelle, ils semblent toujours n’avoir rien appris des leçons du passé. Depuis l’élection du Général Michel Aoun à la Présidence de la République et l’ouverture anticipée de la course à la prochaine élection présidentielle en 2022, le front maronite se fissure à nouveau, les querelles refont surface et le désespoir se réinstalle dans l’esprit des membres de la communauté et notamment chez les jeunes. C’est à se demander si ce n’est pas une malédiction qui poursuit les Maronites depuis que le poste du président de la république libanaise leur fut alloué? Faut-il commencer par couper le cordon ombilical entre les Maronites et la présidence de la république libanaise pour sauvegarder la Maronité? Aujourd’hui, le Rêve des Maronites est perdu. Faute d’unité, ils n’arriveront jamais à l’accomplir. Ils doivent se ressaisir pour finir leur oeuvre, conduire le pays de « l’Etat confessionnel » qu’ils ont mis au monde au XXème siècle, vers un « Etat de la citoyenneté », synthèse de sa pluralité, qui pourra rayonner à nouveau durant les prochains siècles.